- Hugo & Ingrid
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E155 Transfuges de classe : les nouveaux héros français ?
- Depuis quelques années, il est courant pour des personnalités (artistes, politiques…) de se revendiquer "transfuge de classe", en soulignant leur ascension sociale d'un milieu modeste à la bourgeoisie. Ces récits, souvent romancés, attirent l'attention médiatique et servent d'exemples pour des analyses sociologiques populaires. Le phénomène est tel que deux chercheuses, Laélia Véron et Karine Abiven,[...]
Les « transfuges de classe » sont devenus omniprésents dans les médias français. Mais qui se cache derrière ce concept ?

Si vous suivez les médias français, vous avez peut-être entendu l’expression « transfuge de classe ».
Depuis quelques années, de nombreuses personnalités (artistes, politiques…) se définissent comme tels pour souligner leur ascension sociale d’un milieu modeste à la bourgeoisie.
Les Français adorent ce genre d’histoires, c’est pourquoi elles sont tellement présentes dans les médias.
Mais elles sont aussi utilisées pour tenter de décrire le fonctionnement de la société française.
Le phénomène a pris une telle ampleur que deux chercheuses, Laélia Véron et Karine Abiven, ont publié un essai intitulé Trahir et venger : paradoxes des récits de transfuges de classe pour décrypter ce qui se cache derrière ce concept.
Dans ce nouvel épisode, Hugo et Ingrid discutent de cet essai et vous présentent les transfuges de classe les plus célèbres de la littérature française.
Trahir et venger (extraits), Laélia Véron avec Karine Abiven (2024)
Transfuges de classe, avec Annie Ernaux, France Culture (Youtube) (2022)
Paradoxe des récits de transfuges de classe, Blast (Youtube) (2024)
Laélia Véron, maîtresse de conférences en stylistique : « Dire qu’on est transfuge de classe, c’est parler de soi au passé, et moins se poser la question de ce qu’on est au présent », Le Monde
À quoi servent les récits de transfuges de classe, Frustration Magazine (25 mars 2024)
L’ascenseur social, un multirécidiviste du coup de la panne, Le Monde (17 février 2023)
Les romans cités dans l’épisode :
Pour en finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis (2014)
Le Rouge et le Noir, Stendhal (1830)
Les Illusions Perdues, Honoré de Balzac (1835)
Le Père Goriot, Honoré de Balzac (1837)
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#14 Comment créer le héros parfait

#134 Ciao 2023 !

Pour ma part, c’est la première fois que j’entends cette expression. Jean Valjean (du roman « Les Misérables » de Victor Hugo, bien sûr) peut-il être qualifié de transfuge de classe ? J’ai lu ce livre pour la première fois dans un cours de mon lycée américain, et il a eu un impact énorme sur ma vie.
un tres riche sujet et dialogue–merci
Bonjour Hugo et Ingrid,
comme chaque fois je suis très content avec l’épisode de votre podcast. J’attend les épisodes et garde de ne pas manquer une.
Merci beaucoup.
Chaque fois les sujets sont très intéressants mais la raison principale pour laquelle j’aime vous écouter est votre façon de les presenter, qui est équilibrée et source de plus de réflexion.
Bravo à l’équipe pour une fois de plus.
J’adore les sujets que tu abordes dans le podcast : toujours très intéressants et d’actualité. Mais là, vous vous êtes surpassés ! Le sujet des « métamorphes » est plus qu’une simple mode médiatique et littéraire actuelle, c’est aussi un sujet scientifique depuis longtemps. Il existe même une discussion sur cette dénomination. Et mon projet de recherche, qui m’a amené en France il y a un peu plus d’un mois, est lié à cela. Félicitations pour le choix de ce thème. Et aussi pour le pod cast « Inner French » ; il m’a beaucoup aidé à améliorer mon français. Merci !
Merci beaucoup ; cet épisode m’a vraiment plu. C’est vraiment fascinant comme sujet .
Ne s’agit-il pas d’une version française du “Rêve Américaine “ omnipresent ?
Bonjour John, comme c‘est dit dans le podcast je pense aussi qu‘il y a une différence entre le „transfuge de classe“ en France qui veut monter surtout dans une classe plus élévée intectuellement et „le rêve Américain“ (self-made-man, success, wealth, freedom to do what you want to do) qui est un terme par référence au succès économique et à la liberté de faire ce que l’on veut. Je pense en France le terme du „transfuge de classe“ est souvent utilisé par les personnes concernées elles-mêmes pour souligner le fait qu‘elles soient surmontées des obstacles pour mettre en avance leur succès. Ici en Allemagne „le transfuge de classe“ se discute rarement en publique parceque ce n‘est pas „politically correct“ si tu admets officiellement l‘existence des classes sociales différentes, les Allemands sont un peu plus réservés sur ce point (comme souvent;-)
Quel podcast audacieux ! Un sujet sensible (en fait politique) en période de turbulences et vous l’abordez avec beaucoup de prudence. En Europe (y compris aux Pays-Bas), le néolibéralisme règne en maître. L’histoire semble se répéter. Je trouve ça effrayant.
Je suis en train de lire Christian Signol (d’abord Les Cailloux Bleus et maintenant Les Menthes Sauvages) sur l’histoire d’une famille du Causse guercynois dans la période 1900 – 1980 (avec les deux guerres mondiales). Il décrit le cœur et l’âme d’une communauté paysanne, dont la plupart des membres veulent rester dans la classe existante malgré les possibilités de ‘transfuge’ de classe.
ll semble que les Pays-Bas soient très prospères par rapport à d’autres pays. En France, nous voyons davantage de signes de pauvreté et de différences entre les classes. Mais peut-être suis-je aveuglé par l’économie florissante aux Pays Bas….
C’est un sujet très intéressant. Il y a toujours des transfuges dans différentes sociétés. On lit leurs récits avec jalousie, respect et parfois doute. En général, je crois que les transfuges sont des forces importantes pour le développement d’une société. Ils peuvent être des médiateurs entre différentes classes sociales et contribuer à minimiser les problèmes sociaux.
J’ai bien apprécié cette analyse approfondie; merci ! Mais malheureusement, cela me rappelle un exemple malveillant americain — JD Vance, avec son histoire d’un parcours similaire…
Je suis d’accord!!!
Moi aussi, je suis tout à fait d’accord: JD Vance et son ses mémoires manipulateurs et dérivés.
Lorsqu’il a menti devant un large public, toute sa réputation a été ruinée et maintenant personne ne le croit. Cela fait de lui un triste exemple de transfuge de la classe,
Bonsoir Hugo et Ingrid,un podcast très intérressant que j’ai aimé, merci.
Beaucoup d’entre nous ont échappé d´un milieu marginal grâce à l’éducation.
Dans le passé, dans mon pays, les communistes ont aboli la bourgeoisie et créé une élite privilégiée des serviteurs loyaux. De nombreuses personnes incompétentes ont profité de l’opportunité offerte.
Un épisode très intéressant, très bon sujet, merci!
Interessante avec plein des examples. Maintenant je veux lire Stendhal, Balzac et les autres.
RE: « Abonne-Toi » sur la page innerfrench … « Google Podcasts » n’existe plus.
https://music.youtube.com/googlepodcasts
C’est le premier épisode que j’écoute, suite à une recherche sur Google. Concernant la thématique abordée, très, très intéressante d’ailleurs, je pense que nous cherchons tous à « transfuger », que ce soit une situation économique, sociale, familiale, etc., à un moment ou un autre.
Cependant, pour revenir au sens strict du terme, je crois que nous sommes entourés par des récits de réussite qui renvoient à l’idée de méritocratie, mais qui, en réalité, ne restent que des histoires.
Merci, merci, merci
Dans l’Antiquité, la famille constituait une unité socio-économique. Normalement, chaque membre jouait un rôle important pour le bien-être de la famille, et sa disparition pouvait mettre cette dernière en situation de précarité. Lorsque l’absence était volontaire, elle suscitait du ressentiment chez ceux qui restaient et un sentiment de culpabilité chez celui qui partait. En général, cela fonctionne de la même manière dans plusieurs types de groupes — des équipes sportives, certaines sociétés de toutes tailles, petites ou grandes, etc.. Cette relation entre l’individu et le groupe primaire est essentielle à leur survie, et pour cette raison, la dynamique de ressentiment et de culpabilité s’est imprimée dans notre ADN. Peut-être que cet ADN s’active lorsqu’on quitte sa classe sociale pour aller plus loin ? Peut-être je me trump 🙂
Merci beaucoup ! J’ai bien aimé cet episode !
Merci encore, Hugo et Ingrid, j’anticipe toujours vos podcasts et j’ai trouvé particulièrement intéressant cette épisode. En écoutant le podcast, j’ai aussi pensé de George Duroy du roman, Bel Ami, bien qu’il est un exemple assez sinistre.
Bravo. J’ai apprecié cet episode ainsi que le sujet. Mais je dirais que, pour moi, c’était plus difficile de comprendre (le francais) que d’habitude. Je suppose à cause du sujet que je ne connais pas beaucoup. Cependent, lorsque j’ai lu le transcript, j’ai mieux compris. Quoi qu’il en soit, comme une ‘baby boomer’ americaine, je me suis echapée de la classe ouvrière grace à l’époque où l’on pouvait avoir accès à l’education même si l’on était pauvre. Je sais que j’ai eu de la chance. C’était une époque differente pendant les annèes soixante et soixante-dix. Je pense souvent à cela.
Merci pour vos podcasts (et vos cours).
Merci pour l’expression: des analyses « de comptoir ». En Russie, ils disent: un analyste « de canapé ». Un sujet est très intéressant comme toujours!
That expression had me foxed! Cette expression m’a fait flipper
Bonjour,
Merci pour votre podcast.
À 30:40, Ingrid « brandit le poing », pas « le point » – ne c’est pas?
Oui c’est vrai 😄
Je vous remercie pour ce podcast, qui est vraiment très intéressant! J’aime beaucoup des sujets comme celui-ci.
On ne peut pas oublier Le Bourgeois gentilhomme de Voltaire qui nous donne un tout autre point de vue des récits de transfuges de classe.
Un podcast très intéressant. J’habite en Angleterre et ici il est très difficile de changer votre classe sociale. Par exemple, souvent le candidat moins compétent est embauchés en raison de le nom de famille et de ses antécédents. Il faudra beaucoup de temps à changer.
En anglais on n’entend pas souvent «class traitor», mais quand on l’entend c’est dans un sens marxist ou au moins littéral: quelqu’un comme FDR ou Robert Owen (qui a trahi les classes riches dont il faisait parti) ou dans l’autre direction des soldats (eux-mêmes des ouvriers) qui tirent sur les ouvriers en grève. Quelqu’un qui se bat contre une classe à laquelle il appartient toujours. Ce sens existe-t-il encore en français ? Ou est-ce seulement le sens figuré (et de la traadition libérale) de changement de classe ?
Je n’ai pu pas de trouver la description E 2