• Interview Hugo

#178 Dépasser le plateau intermédiaire avec Impolyglot

27 août 2025

Lionel, créateur du podcast Impolyglot, partage ses meilleurs conseils.

Dans cet épisode, Hugo reçoit Lionel du podcast Impolyglot. Contrairement aux autres polyglottes, son objectif n’est pas d’apprendre le plus de langues possibles mais d’en maîtriser trois : le français, l’anglais et l’espagnol.

Il a donc testé de nombreuses techniques pour surmonter les obstacles que tous les apprenants rencontrent avant d’atteindre un niveau avancé.

Comment s’organiser quand on a un travail et une famille ? Faut-il utiliser des flashcards ? Comment créer des habitudes durables ? Et surtout, comment continuer à progresser quand on a l’impression de tourner en rond ?

Le site de Lionel : https://www.impolyglot.com/

Difficulté de l'épisode ?

/ 5. Nombre de votes :

Pas encore de vote.

You just need to create a free account.

If you like the podcast, leave a review on your favorite app to support us!

Transcription

You can translate any word or sentence in the transcript by selecting it. However, we encourage you to use this tool in moderation—relying on it too much might slow down your progress!

[00:00:00] – Hugo

Dépassez le plateau intermédiaire avec I’m Polyglot.

[00:00:14] – Hugo

Salut à toutes et à tous. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Lionel du podcast I’m Polyglot. Lionel m’a fait l’honneur de m’inviter dans son podcast il y a quelques semaines, donc aujourd’hui, je lui renvoie l’ascenseur. Lionel, toi aussi, tu es professeur de FLE… Est-ce que tu te considères comme un professeur de FLE ou comment tu te présentes en général ?

[00:00:36] – Lionel

C’est une très bonne question. Déjà, merci de me recevoir sur InnerFrench, mon cher Hugo. Écoute, professeur de FLE, c’est vrai que moi, instinctivement, je ne dis jamais ça. Je suis plutôt un passionné d’apprentissage de langues, tu vois, et j’aide les gens à apprendre le français, notamment, mais en fait, n’importe quelle langue, parce que je partage plutôt des connaissances d’apprentissage de langues, donc de méthodologies, etc. Mais je le fais en en utilisant le français pour que les gens pratiquent leur français en même temps. Donc, je fais d’une pierre deux coups, finalement. Mais ouais, professeur de FLE, on pourrait utiliser ça, finalement, parce que c’est vrai qu’on enseigne le français. Après, c’est vrai que moi, je ne suis pas trop la personne pour la grammaire, etc. Je trouve que ça correspond plus à un professeur de FLE de rentrer dans la partie linguistique. Moi, c’est plutôt la partie parler, perfectionnement de la langue et apprentissage des langues en général.

[00:01:30] – Hugo

Donc, tu es une sorte de coach de langues, on pourrait dire, quelque chose comme ça ?

[00:01:35] – Lionel

Ouais, voilà, coach de langues. En fait, j’avoue que je ne sais pas comment me définir. Je suis podcaster de français et je partage ma passion pour apprendre les langues. Donc, notamment, moi, je parle toujours de ma trinité des langues, c’est-à-dire anglais, espagnol, français, plutôt dans cet ordre-là, dans le sens, au point de vue d’importance de ces langues-là. Et voilà.

[00:01:56] – Hugo

D’accord. Est-ce que tu as toujours eu cette passion pour les langues étrangères ? Comment tu es arrivé dans cet univers ?

[00:02:02] – Lionel

Je suis tombé là-dedans un peu par hasard. J’ai toujours aimé l’anglais. En fait, j’ai découvert une passion pour l’anglais quand j’étais au collège, quand j’ai commencé l’anglais. À l’époque, de notre époque, à Hugo et à moi, on commençait au collège. On avait 10, 11, 12 ans. Et c’est là que j’ai commencé à vraiment apprécier l’anglais, parce que j’avais un prof formidable. Et ça a continué en fait. J’ai eu que des bons profs qui m’ont motivé pour l’anglais, qui m’ont fait découvrir la littérature anglaise américaine et j’ai adoré ça. Donc moi, en fait, à la base, mon objectif, c’était de parler anglais extrêmement bien, tu vois. Et fut un temps où je voulais même déménager aux États-Unis. Ce n’est plus le cas maintenant, mais je l’ai fait quand même un petit moment. Et en fait, l’espagnol, je suis tombé dedans vraiment complètement par hasard, parce que je n’avais aucune intention de vivre en Espagne. Je vis maintenant à Barcelone depuis 12 ans. Et en fait, je n’avais pas du tout l’intention ni d’apprendre l’espagnol, ni de déménager en Espagne. C’est juste que j’ai rencontré ma femme aux États-Unis et ma femme est d’ici, elle est de Barcelone. Et donc, du coup, je suis tombé amoureux de ma femme déjà et puis de sa langue par la suite.

[00:03:12] – Hugo

D’accord. Donc, tu es un peu devenu polyglotte par accident, on pourrait dire.

[00:03:16] – Lionel

Ouais, c’est ça. En fait, moi, j’étais plutôt destiné à devenir peut-être prof d’anglais ou prof de FLE à l’étranger, mais je n’avais pas dans l’idée d’apprendre plus de langues. Et en fait, c’est ça qui est cool, c’est que si tu veux, moi, j’ai fait des études de philologie anglaise. Donc, à la base, j’ai vraiment appris l’anglais d’une manière très scolaire, académique, etc. Et j’ai vu un peu les limites de ce système, parce que quand je suis allé aux États-Unis, j’ai vu un peu ce qui me posait problème. Donc si tu veux, j’étais capable de rédiger un essai sur Shakespeare. Et par contre, je n’étais pas capable de parler fluidement dans un restaurant ou avec des amis pendant une soirée, etc. Et de l’autre côté, l’espagnol, j’ai fait complètement l’inverse. Donc, je suis allé aux deux extrêmes, si tu veux. Quand je suis arrivé en Espagne, j’ai dit : Tu sais quoi ? Je vais jamais ouvrir un livre de grammaire de ma vie. Ça m’intéresse pas d’étudier l’espagnol. Et donc, du coup, je l’ai appris vraiment en totale immersion. Et j’ai vu aussi quelques limites à cette méthode-là. Et donc, du coup, en fait, quand j’ai créé mon podcast Impolyglot, j’ai fait un peu le mix de tout ça pour essayer de trouver une alternative qui est un peu plus équilibrée, parce que bon, les extrêmes, c’est jamais trop bon. Donc, j’ai essayé de garder tout ce qui bien des deux mondes et d’en faire un peu ma propre stratégie d’apprentissage avec mes auditeurs et mes étudiants.

[00:04:36] – Hugo

Tu considères qu’on est polyglotte à partir de combien de langues ?

[00:04:39] – Lionel

Ça, c’est trop… J’ai eu pas mal de débats avec des auditeurs dans des commentaires, dans des emails, etc. Là-dessus. Parce que moi, je dis que pour moi, être polyglotte, c’est parler plusieurs langues. Quand tu parles du numéro 2, le chiffre 2, pour moi, c’est plusieurs. Donc, à partir du moment où tu parles une langue étrangère couramment, pour moi, tu un polyglotte. Après, il y a des gens qui vont dire bilingue. Pour moi, bilingue, ça va être encore une autre définition. Moi, par exemple, je ne dis pas que je suis bilingue en anglais. Je dis que je parle très couramment anglais, mais je ne suis pas bilingue parce que pour moi, bilingue, c’est plutôt l’exemple de ma femme qui est bilingue native, c’est-à-dire qu’elle est née dans un environnement où elle a reçu l’espagnol et le catalan. Elle, elle a un niveau vraiment natif dans les deux langues. Mais après, ce n’est pas une science exacte. Il y a plusieurs définitions. Honnêtement, on peut trouver plusieurs définitions. Moi, pour faire la différence, j’utilise bilingue pour quelqu’un qui est né dans cet environnement avec plusieurs langues chez lui. Mais pour quelqu’un qui apprend une langue plus tard dans la vie, c’est quelqu’un qui va apprendre une langue étrangère et qui peut parler couramment, qui peut être le plus proche possible d’un niveau natif, mais qui ne sera jamais exactement comme quelqu’un qui est né dans cet environnement.

[00:05:54] – Hugo

Ok. Donc toi, ton objectif, ce n’est pas de parler 15 langues différentes à un niveau B1, B2, mais c’est plutôt d’en maîtriser quelques unes, de les parler vraiment très bien.

[00:06:04] – Lionel

Exactement. En fait, moi, c’est drôle parce que je pense que je fais toujours la différence entre les deux types de polyglottes. Il y a les polyglottes qui se dirigent plus vers le chemin hyper polyglotte, donc ceux qui vont parler vraiment plein de langues et qui aiment découvrir des nouvelles langues, les nouvelles mécaniques de la langue, en comparaison avec leurs propres langues, etc. Et c’est là qu’ils trouvent un petit peu leur joie dans l’apprentissage des langues. Et c’est quelque chose que je respecte et que je trouve très cool. Mais moi, je suis plutôt quelqu’un qui trouve du plaisir dans l’expertise de la langue et donc justement, passer ce fameux plateau intermédiaire pour perfectionner ses compétences de la langue, travailler un peu plus la prononciation, l’accent, le côté langage actuel du quotidien, des expressions cool, tu vois. Vraiment peaufiner tout ça et finalement, développer tous les registres de la langue, être à l’aise, si tu veux, avec tous les types de supports, que ce soit de la littérature, de la non-fiction, de la conversation, de l’écoute, des séries, des films, etc. Mais toujours pouvoir consommer à peu près tout dans la langue que tu apprends et te sentir bien, que ce ne soit pas vraiment un effort.

[00:07:17] – Hugo

Et donc comme tu vis à Barcelone, est-ce que tu as ajouté le catalan à ta trinité ?

[00:07:23] – Lionel

Alors, je garde ma trinité à part parce que c’est vraiment, pour moi, les deux langues que je pratique le plus, l’anglais et l’espagnol, et que je continue à travailler tous les jours. Mais le catalan, en fait, je peux le parler, je le comprends parfaitement, je le parle pas mal, mais je le pratique pas beaucoup. C’est un objectif secondaire. C’est une…

[00:07:43] – Hugo

Une quête annexe.

[00:07:44] – Lionel

Pour parler un peu de langage. Voilà, c’est ça. J’allais dire langage de vidéo, c’est une quête secondaire. Là, si tu veux, je le perfectionne un peu plus, mon catalan, parce que mon fils, mon plus grand fils, lui, il parle catalan avec sa mère. Du coup, je le réapprends en même temps que lui. Je reprends un peu plus de plaisir avec le catalan, mais ça reste secondaire parce que c’est pas… C’est une langue qui m’attire un peu moins, quand même, même si j’ai ce contact avec elle, mais c’est juste que je ne sais pas, il y a plus de contenu en espagnol, donc c’est une langue qui est plus riche. Donc, tout de suite, ça m’attire un peu plus.

[00:08:23] – Hugo

Et en plus, comme tu es français, j’imagine qu’à Barcelone, les Barcelonnais ne t’en veulent pas trop si tu ne parles pas parfaitement catalan.

[00:08:31] – Lionel

Non, ouais, en fait, en plus, tu sais, il y a un peu une légende, c’est qu’à Barcelone, les gens te disent : Si tu veux vivre à Barcelone, en tout cas en catalogue, mais surtout à Barcelone, si tu ne parles pas catalan, tu ne peux pas. Et en fait, c’est une légende parce qu’honnêtement, moi, ça ne m’est jamais arrivé. À chaque fois que j’essaie de parler catalan, en général, je commence en catalan quand je vais à la pharmacie, au magasin, etc, par respect un petit peu, parce que j’aime bien. Et souvent, les gens switchent à l’espagnol parce qu’ils voient que mon niveau de catalan, il est correct, mais ils savent que je suis pas natif et donc par politesse, ils changent. Ils sont contents, ils disent : C’est bien, il a fait l’effort, il apprend le catalan, mais je vais lui faciliter la vie et je parle espagnol.

[00:09:11] – Hugo

Au moins, ils passent pas à l’anglais, ils se disent que tu dois parler espagnol.

[00:09:16] – Lionel

Ouais, c’est vrai, ils passent pas à l’anglais. Peut-être parce qu’il y en a pas beaucoup qui ont un très bon niveau d’anglais aussi.

[00:09:21] – Hugo

C’est un peu le même problème qu’en France.

[00:09:30] – Hugo

Quand est-ce que tu as créé ton podcast ?

[00:09:33] – Lionel

Question piège. Je t’avoue que je ne sais plus. Je crois que c’était en 2018, peut-être ? Quelque chose comme ça, 2018 ?

[00:09:40] – Hugo

Pas longtemps… Oui, je crois qu’on en avait parlé quand tu m’avais interviewé, que ce n’était pas longtemps après le mien. Moi, j’ai commencé en 2017. Et quelle était ton idée ? Pourquoi tu as créé ce podcast au départ ?

[00:09:54] – Lionel

Moi, au départ, c’était vraiment pour partager des techniques que je n’entendais pas chez les autres. C’est-à-dire que je consommais pas mal de podcasts, moi, en anglophone, etc. Et en fait, souvent, c’était des podcasts un peu comme le tien, c’est-à-dire que c’était des podcasts qui visaient à faire pratiquer les personnes avec un contenu qui était adapté, qui étaient faits pour ça, qui étaient parfaits pour ça. Mais en fait, ce que je me rendais compte, c’est que les gens qui avaient ces podcasts-là, et tout comme toi, en fait, on sait tous la méthodologie à suivre, etc. Mais ce n’est pas instinctif pour quelqu’un qui qui arrivent là-dedans, qui a le bon contenu, mais qui peut-être cherche aussi des petites explications sur comment bien utiliser certaines ressources, etc., tu vois. Donc en fait, moi, c’était plutôt pour partager mon aventure linguistique, si tu veux, dire : Moi, personnellement, j’utilise cette méthode-là, je fais ça. Cet exercice, je le fais comme ça. Combien de fois par semaine ? Combien de temps ? Est-ce que c’est mon exercice préféré ? Je partageais un petit peu tout ça, en plus du contenu français, tu vois. Donc c’était plutôt à but méthodologique, si tu veux.

[00:11:02] – Hugo

Et c’est vrai que dans tes épisodes, tu as une façon de parler, c’est beaucoup moins scripté que ce qu’on peut faire chez nous, par exemple, même si nous, on a pas mal changé le format aussi ces dernières années. Ça va un peu plus vite aussi. Tu as une façon de parler peut-être plus naturelle que ce que moi, j’avais dans les anciens épisodes. Et c’est vrai que j’ai entendu assez souvent des gens dire : quand InnerFrench, ça devient un peu trop facile, parfois, il y en a qui passent justement à I’m Polyglot. Parce que tu ne fais pas que de partager des conseils dans ton podcast. Tu partages aussi des anecdotes culturelles, des choses sur la France, etc. Tu as aussi ce type de contenu-là, il me semble.

[00:11:39] – Lionel

Oui, j’avoue que ça, je le fais moins bien que toi. Et en fait, ce n’est même pas que j’essaye de le faire comme toi, c’est que je te laisse faire ça parce que tu fais ça très bien.

[00:11:49] – Hugo

Merci, c’est gentil.

[00:11:51] – Lionel

Non, mais c’est vrai. Et puis, je sais que toi, tu as une relation avec l’histoire en général et tout ça. Donc, tout ce qui est historique et tout ça, c’est des choses qui me plaisent, mais j’avoue que j’ai du mal à le faire, justement, comme tu le disais, sans script, parce que c’est des épisodes qui demandent plus de travail, de recherche, etc. Et donc, le faire de manière spontanée, il faut vraiment être un gros connaisseur pour pouvoir le faire sans script. Donc moi, je fais rarement des épisodes qui demandent une recherche comme ça. Ça m’arrive, par exemple, j’ai fait des épisodes sur la conquête spatiale, c’est un truc qui me plaît beaucoup, ce genre de choses, un peu le côté science mélangé de science-fiction, ça me plaît bien. Mais en général, effectivement, c’est sans script. Mais oui, je parle de plein de choses, des anecdotes personnelles, des trucs assez drôles, des anecdotes de voyages, ce genre de choses.

[00:12:37] – Lionel

Mais tu sais, je reviens sur ce que tu disais, juste, c’est drôle parce que moi, c’est ce que je dis à tous mes auditeurs et à mes étudiants, quand ils me demandent : qu’est-ce que tu me conseilles de faire ? Quel support en podcast tu me conseilles de faire ? Souvent, quand je vois que c’est des gens qui ont un niveau intermédiaire, mais assez basique, je leur dis : Écoute, c’est pas compliqué. Tu vas sur Spotify ou tu vas sur Apple Podcasts ou ce que tu veux, tu tapes InnerFrench, tu écoutes tous les épisodes d’InnerFrench dans l’ordre. Parce que je le dis toujours, parce que c’est vrai que ton podcast, il a beaucoup évolué au niveau de la complexité. Donc, je dis : Tu écoutes tous les épisodes dans l’ordre et après, tu passes sur Impolyglot. Comme ça, ça fait une bonne transition. En fait, je pense que ça fait une bonne continuité. Je pense que maintenant, en fait… Oui, c’est vrai que je parle un peu plus… Peut-être que je parle un peu plus vite, je ne sais pas. Mais j’essaie de parler quand même de manière assez compréhensible, mais c’est peut-être un peu moins propre que toi. Tu vois ce que je veux dire ?

[00:13:34] – Hugo

Ouais. On va arrêter peut-être de s’envoyer des fleurs. Je pense que les auditeurs ont compris qu’on a des podcasts assez complémentaires. Si vous n’avez pas encore écouté le podcast de Lionel, je vous le recommande chaudement. Et maintenant, j’aimerais qu’on parle un peu des conseils que tu donnes en général à tes élèves. Et en particulier, on va se focaliser sur le plateau intermédiaire. Mais peut-être pour commencer, est-ce que toi, au fil des années, tu as l’impression que ton approche de l’enseignement a changé ?

[00:14:08] – Lionel

Oui, c’est quelque chose qui est, je pense, essentiel, c’est de revisiter un petit peu, justement, ton style d’apprentissage. Je fais beaucoup des parallèles avec le sport et notamment juste le renforcement musculaire, tu vois. Tu ne peux pas avoir une routine qui va être la même tout au long de ta vie. Ce n’est pas possible. Il va falloir se renouveler parce qu’au niveau efficacité, peut-être que ce sera un peu limité et aussi parce que sinon, tu vas perdre goût à l’activité. Donc, je pense que c’est important aussi d’écouter ce qu’on a envie de faire, ne pas se jeter sur une méthodologie qui est dite parfaite si elle ne nous plaît pas. Je pense que le principe de base, c’est de prendre du plaisir dans ce qu’on fait, donc, s’il n’y a pas de plaisir, ça ne sert à rien. Donc oui, je pense que ma méthodologie, elle a quand même évolué. Je découvre des choses tous les jours. J’apprends des choses, j’apprends de mes erreurs, j’apprends de mes limites dans les langues que j’apprends et aussi j’apprends des autres. Je trouve que… En fait, je pense que maintenant, comme tu le dis, il y a tellement de contenu à consommer et de gens qui te disent un peu : Faites ci, faites ça, etc, que c’est un peu compliqué maintenant de savoir quoi faire. Finalement, il y a trop de choix.

[00:15:28] – Lionel

Et je pense que finalement, ça ne sert à rien de trop s’attarder sur l’aspect méthode, quelles méthodes utiliser, mais plutôt trouver quelque chose qui nous plaît, des supports qui nous plaisent, quelques exercices qui nous plaisent et qui vont pouvoir s’intégrer à une certaine routine, une certaine habitude qu’on va pouvoir garder sur le long terme. Ce que je pense que la plupart des gens qui échouent dans l’apprentissage des langues, ce n’est pas un problème de méthode, c’est un problème plutôt de discipline et de régularité. Tu vois, c’est un un peu comme dans le sport, finalement. Donc, moi, j’écoute beaucoup… Comment dire ? Je m’écoute moi-même. C’est-à-dire que s’il y a des jours où je n’ai pas envie de faire tel ou tel exercice, et pourtant, je sais que la théorie, elle est là, cet exercice, il va être bénéfique pour moi, je ne le fais pas. J’essaie d’être cohérent un petit peu avec mes intentions et avec le moment présent, ce que j’ai envie de faire ou pas. Mais grosso modo, ma méthodologie, elle est quand même relativement simple et je pense qu’elle est très proche de la tienne. On tend quand même à une méthodologie qui est plus immersive, avec beaucoup d’exposition à la langue avec plusieurs supports.

[00:16:42] – Lionel

Et j’utilise, si tu veux, ce que j’appelle la méthode active avec la consommation des supports, c’est-à-dire de ne pas être trop passif. Si j’écoute des podcasts, je vais essayer de prendre quelques notes. Moi, personnellement, j’aime bien les flashcards, tu le sais, donc je fais quelques flashcards, etc. Surtout qu’il y a plein de types de flashcards possibles à utiliser. Ce n’est pas uniquement des mots traduits. Il y a plein de choses possibles dans le monde des flashcards et j’aime bien faire ça. Donc par exemple, si je lis un livre, c’est pareil. Je vais essayer, par exemple, de lire une page à voix haute pour travailler ma prononciation. Puis, je vais prendre quelques mots de vocabulaire, je vais prendre quelques notes. C’est toujours un petit peu les petits détails du mode actif qui font la différence, je pense, sur le long terme. C’est un un petit peu l’état d’esprit qui fait la différence.

[00:17:33] – Hugo

Donc ça, c’est un peu l’activité. Je pense que tu connais la loi de Pareto du 80/20. Pour toi, vraiment, le 80, ça reste l’immersion, ça reste de consommer du contenu dans la langue qu’on essaye d’apprendre. C’est ça ?

[00:17:50] – Lionel

Ouais, absolument. En fait, là où ça devient problématique, je pense, de faire ça d’une manière passive, c’est qu’au début, quand tu es débutant et que tu apprends le français, par exemple, évidemment, il y a ce qu’on appelle la courbe de l’oubli. Et par exemple, quand je parle de flashcards, c’est surtout le système qui est derrière, c’est-à-dire le système de répétition espacé, pour justement lutter contre cette courbe de l’oubli. Pour faire rapide, la courbe de l’oubli, en gros, c’est un psychologue allemand, Ebinghaus, qui a fait ça dans ses recherches. En gros, il est arrivé à la conclusion que quand on apprend quelque chose de nouveau, que ce soit dans les ou autres, une information nouvelle, il faut la revoir dans un laps de temps avant que notre cerveau efface cette information. Là, je parle vraiment vulgairement, je vulgarise. Mais en gros, ce laps de temps entre tes révisions va augmenter et tu vas avoir moins besoin de réviser cette information plus tu le fais. Et en fait, si tu veux, le problème, c’est que quand tu es débutant, évidemment, tu vas apprendre des choses du quotidien, des choses que tu entends partout. Donc, par exemple, se présenter : Je m’appelle Lionel, Salut, bonjour, je m’appelle Lionel.

[00:19:01] – Lionel

C’est des mots que tu entends partout. Tu vas les lire dans des livres, tu vas l’entendre dans des podcasts, dans des interviews à la télé. Donc, si tu veux, en fait, naturellement, on ne s’en rend pas compte, mais on a ce système de répétition espacée qui existe parce qu’on consomme ce contenu et on le retrouve assez facilement, ce type de contenu. Le problème, c’est que quand tu arrives justement au plateau intermédiaire et même à un niveau avancé, tu veux continuer à apprendre du nouveau vocabulaire, des choses un peu plus niche, des choses un un peu plus spécifiques. Et donc, si tu restes passif, par exemple, si je veux apprendre, je ne sais pas, « un heaume » pour un casque de chevalier, un heaume, c’est quelque chose qui est quand même assez spécifique. Je ne vais pas le retrouver partout à la télé, partout dans les livres, etc. Donc, si je le lis dans un livre aujourd’hui et que je ne révise pas cette information et que je laisse ce mot-là dans ma mémoire à court terme, mon cerveau, il va dire : OK, c’est une information qui n’est pas très utile, je vais effacer ça. Et c’est là que j’aime bien ce système de flashcards, parce que ça me permet justement d’avoir cet algorithme qui, lui, va me dire : Là, c’est un mot que si tu veux le garder dans ta mémoire à long terme, il va falloir le réviser maintenant, parce que sinon, c’est mort.

[00:20:17] – Lionel

C’est un peu des petits outils. Ça ne fait pas toute la différence et on peut apprendre sans ça, je pense, mais c’est une question d’optimisation. C’est pour essayer de perdre le moins de temps possible et d’optimiser nos gains, si tu veux.

[00:20:37] – Hugo

Moi, ce qui me dérange un peu avec les flashcards, il y a deux choses. La première, c’est que c’est vrai qu’on dit qu’on doit revoir quelque se pose un certain nombre de fois pour que ça s’inscrive dans notre mémoire de long terme. Mais il y a aussi une question de contexte où en général, c’est conseillé de voir ce mot dans différents contextes. Donc peut-être de l’entendre dans un podcast, après le retrouver dans un article et ensuite de l’entendre, je ne sais pas, dans une de conversation avec quelqu’un. C’est beaucoup plus efficace que de le noter comme on faisait à l’ancienne dans un petit carnet de vocabulaire et de le relire de temps en temps ou de manière un peu plus moderne avec les flashcards et ce système de répétition espacée qui, normalement, est optimisé pour notre mémoire. Mais moi, je trouve que ça reste peut-être un petit peu artificiel. On pourrait se dire : C’est mieux que rien. Peut-être, c’est mieux que d’oublier. Mais ça ne fait pas non plus tout le travail. Qu’est-ce que tu en penses de ça ?

[00:21:28] – Lionel

Ouais, en fait, tu as raison, c’est hyper important ce que tu dis, c’est le contexte. Et en fait, si tu veux, les flashcards, c’est un monde qui est assez vaste, je pense. Et je pense que soit tu adores, soit tu n’aimes pas. Et souvent, en tout cas, moi, de mes étudiants, les gens qui me disent : Écoute, j’ai essayé les flashcards, mais je n’aime pas ça. En fait, je me rends compte qu’ils ne savent pas trop, ils ne sont pas très créatifs quant à l’utilisation des flashcards. Et en fait, tu peux faire ça de plein de manières différentes. Ce n’est pas juste… Déjà, le truc à ne pas faire, c’est utiliser que des mots. Donc, si je veux apprendre, par exemple, une tasse, a cup, non, parce qu’il n’y a aucun contexte. Donc déjà, mettre le mot dans une phrase, comme ça, ça nous permet d’apprendre implicitement la grammaire. On va mettre un sujet, un verbe, un temps verbal, un complément, etc. Donc déjà, on revoit plein de choses avec une seule carte. Et la deuxième chose à faire aussi, c’est effectivement garder le contexte dans lequel tu as vu le mot la première fois. Parce qu’il y a des mots qui vont vouloir dire plusieurs choses selon le contexte.

[00:22:26] – Lionel

Donc, il ne faut pas essayer d’apprendre toutes les manières d’utiliser ce même mot. Il faut essayer d’apprendre uniquement le mot, en tout cas ce que ça veut dire dans le contexte dans lequel on l’a vu. Et après, si on le revoit dans un autre contexte et que ça veut dire quelque chose de légèrement différent ou complètement différent, refaire finalement une autre carte qui n’a rien à voir avec le même mot, mais dans un contexte complètement différent. Et finalement, pour moi, c’est deux choses différentes. C’est-à-dire que si j’apprends en anglais, si on va prendre le verbe « get », par exemple, si tu ouvres le dictionnaire au mot « get », tu vas avoir une page complète avec tous les phrasal verbs et tout ça. Donc, il ne faut pas essayer de tout mémoriser. Il faut vraiment que ce soit quelque chose qui ait un impact sur nous. Et aussi, je rajoute qu’une autre grosse erreur à éviter avec les flashcards, c’est d’essayer de tout apprendre. Ça ne sert à rien de tout apprendre. Moi, il y a vraiment beaucoup de vocabulaire que je décide volontairement de ne pas apprendre parce que je me dis que je ne suis pas au niveau, peut-être, où ça m’intéresse d’apprendre ça.

[00:23:27] – Lionel

Peut-être que plus tard, ce sera un mot qui m’intéressera quand je serai vraiment un expert, expert, expert. Mais actuellement, il faut se poser la question quand on voit un mot, de dire : Est-ce que c’est un mot que j’ai envie d’utiliser, moi, dans ma conversation avec mon prof ou pas ? Sinon, ça ne sert à rien. Et c’est pour ça que moi, je ne fais jamais… Il y a des gens qui regardent, par exemple, une série et qui ont l’application de flash card à côté, ouverts, et ils vont faire la carte au moment de trouver le vocabulaire. Et ça, je pense que c’est une erreur pour plusieurs raisons, parce que déjà, tu vas tu vas être pressé de faire ta carte. Donc, peut-être que la phrase que tu vas créer pour mettre le mot en contexte, etc, ce ne sera pas hyper optimisé. Et en plus de ça, ça te coupe le rythme, toi, de la consommation de ton support. Donc moi, ce que je fais, c’est que j’ai un document en prise de note où j’écris tout le vocabulaire qui m’intéresse sur le moment. Je n’y réfléchis pas, j’écris la phrase telle quelle. Donc juste le mot.

[00:24:29] – Hugo

Non, tu écris juste la phrase telle que tu l’as entendue.

[00:24:31] – Lionel

La phrase, quand même, pour avoir le contexte, pour me rappeler du contexte. J’écris la phrase et après, peut-être deux, trois fois par semaine, ça m’arrive de regarder mon document et de sélectionner. La tête reposée, et de revoir un peu mon vocabulaire et de me dire : Ça, finalement, je n’ai pas envie de l’apprendre, j’efface. Et peut-être que c’est quelque chose que je retrouverai plus tard, ce n’est pas grave. Mais par contre, après, ça me permet de revoir ce que j’ai écrit, de reperfectionner mes exemples pour refaire des bonnes cartes, etc. Et c’est pareil, quand tu as 100 cartes dans ton application, ça va. Quand on a 10 000, ça ne va pas. Surtout si tu rates une journée de révision, tu ouvres l’application et ça te dit : Il faut que tu révises 200 cartes. Tu n’as pas du tout envie et ça ne sert à rien. Donc, il ne faut pas hésiter à faire le ménage dans tes cartes, supprimer certaines cartes que tu as vraiment bien assimilées, etc. Moi, c’est souvent que je supprime plein de cartes. Si je sens que j’ai du mal à les apprendre, c’est que ça ne me correspond pas bien, donc je supprime.

[00:25:27] – Lionel

Et ça ne m’empêche pas de revoir le même le mot et de le remettre dans une carte plus tard, parce que ça a plus d’impact à ce moment-là.

[00:25:34] – Hugo

C’est bien que tu partages ces petites astuces, parce que justement, c’est un peu le deuxième écueil que j’ai avec les flashcards, c’est que le temps que ça prend, à la fois de les créer, de faire la maintenance ensuite et surtout de les réviser, il y a toujours un arbitrage à faire entre combien de temps je dédie à la révision de mes flashcards versus combien de temps je passe à lire un nouvel article ou regarder une nouvelle vidéo. Imaginons une personne qui a un travail, peut-être des enfants, ou quelqu’un, par exemple, dans ton cas, qui n’a pas énormément de temps, en tout cas qui n’a pas plusieurs heures par jour à dédier à l’apprentissage et qui a un niveau intermédiaire. Toi, qu’est-ce que tu recommandes ? Quelle serait justement la routine idéale ? Combien de temps ? Et puis le 80/20, sur quelle activité se concentrer ?

[00:26:21] – Lionel

Moi, ce que je recommande à une personne qui a un travail classique, qui travaille 35, 40 heures par semaine, etc, ça va être déjà de trouver tous les temps dans la journée pour essayer d’optimiser les moments clés de la journée où tu peux faire quelque chose et qu’est-ce que tu peux faire à certains moments. Il faut commencer par faire un planning. Les gens qui n’ont pas de calendrier, déjà, ça va être… Il faut commencer Ça, c’est vraiment ça. Il faut tout noter dans le calendrier, que ce soit le travail, le temps pour cuisiner, pour faire le ménage, pour faire les courses, pour passer du temps en famille, etc. Il faut tout noter et à partir de là, voir un peu quels sont les petits trous, les petits moments où je vais pouvoir caler quelques de petites activités de langue. Et quelles activités ? Par exemple, si on est en train de conduire la voiture pour aller au travail, on ne va pas pouvoir créer des flashcards à ce moment-là.

[00:27:09] – Hugo

Sauf si c’est une voiture autonome. Même ça, ce n’est pas trop recommandé.

[00:27:14] – Lionel

Peut-être un robot taxi peut-être, j’en sais rien. Mais en tout cas, on va pouvoir, par exemple, écouter un podcast. Ça va être un bon membre pour écouter un podcast. Moi, il y a, je dirais, deux choses essentielles. Ça va être de de sélectionner des supports qui nous plaisent. Je pense que tout le monde a entendu parler de la méthode Krashen et je pense que c’est une très bonne méthode. Sinon, il ne serait pas renommé comme ça. Ça marche très bien. Moi, j’en ai bouffé pendant mes études de master. Mais je pense qu’il y a un pilier fondamental dont on ne parle pas trop quand on parle de la méthode Krashen, c’est l’envie de consommer le support. C’est-à-dire que moi, s’il y a un débutant qui me dit : J’ai envie de lire, en général, si on suit la méthode Krashen, on va dire : Lis un un livre pour les enfants. Mais quand tu es un adulte de 50 ans, des fois, tu n’as pas trop envie de lire une histoire de Max et Lili. Donc, je pense que l’idée, c’est de trouver un support que toi, tu as envie de consommer. Même si c’est un petit peu trop compliqué pour toi, en théorie, ce n’est pas grave.

[00:28:14] – Lionel

Tu as envie de le consommer, tu vas le consommer si tu as envie de le faire. Ça, c’est la première chose : avoir quelques podcasts, quelques lectures, quelques vidéos. Pour moi, c’est les trois gros trucs. Quand je dis vidéos, ça peut être des créateurs sur YouTube, ça peut être des séries. Même si moi, personnellement, je recommande plutôt des des créateurs sur YouTube, des interviews, ce genre de choses, parce que c’est plus facile à comprendre, c’est plus naturel. Lecture, pareil. Il faut avoir des ressources qui te permettent de faire un peu de lecture extensive. C’est le plus important, je pense. C’est-à-dire des romans ou des articles ou des choses qui sont assez longues et où tu ne vas pas faire un travail hyper approfondi de chercher d’analyser les phonèmes de la langue, etc. Peu importe. C’est vraiment consommer. Ensuite, tu peux avoir des ressources pour faire un petit travail de traduction ou des choses un peu plus poussées, si tu as envie de faire ça. Ce n’est pas essentiel, je pense, mais si tu as envie de faire ça, si tu as 30 minutes pour t’asseoir et faire du travail un peu plus approfondi, très bien. Mais globalement, quelqu’un qui n’a pas trop de temps, ça va être consommer du contenu, entre guillemets, passivement, mais tout en ayant ce réflexe actif.

[00:29:21] – Lionel

C’est-à-dire que moi, par exemple, si j’écoute un podcast et que je suis à la salle de sport, de temps en temps, si j’entends une expression, je prends mon téléphone, je note sur mon application de prise de note, je note un peu l’expression et je verrai plus tard. Peut-être que je ferai une flashcard, peut-être que je n’en ferai pas, ce n’est pas grave, mais je prends en note certaines choses. Pour moi, c’est ça l’idée. Et la deuxième chose vraiment très importante, pour moi, ça va être, et je sais que ça, il y a des gens qui n’aiment pas trop faire ça, c’est la répétition des supports. Je pense que ça, c’est un truc dont on ne se rend pas vraiment compte, mais si tu écoutes un podcast qui dure 15, 20 minutes, tu l’écoutes une première fois, par exemple, quand tu vas au travail dans la voiture et évidemment, tu es en train de conduire, donc tu ne peux pas prendre de notes. Tu essaies juste de comprendre le maximum. C’est ton objectif que tu as en tête, c’est de comprendre le maximum. Mais après, tu peux essayer de le réécouter, peut-être le lendemain, le même épisode, parce que c’est un épisode qui t’a plu, tu le réécoutes une deuxième fois et là, tu essaies de prendre quelques notes.

[00:30:16] – Lionel

Et tu vas être surpris vraiment de voir à quel point tu vas comprendre des choses que tu n’avais pas compris la première fois, des subtilités, des choses dont tu n’avais pas vraiment fait attention à certains mots de vocabulaire, des expressions, etc. Et c’est là que c’est intéressant de prendre quelques notes. Et le tout, après, ça va être de faire en fonction de toi, ce que tu aimes faire en général. Est-ce que tu préfères prendre des notes manuscrites ? Est-ce que tu préfères avoir ton téléphone ? Moi, par exemple, c’est tout digital parce que j’ai toujours mon téléphone dans la poche, donc c’est plus facile pour moi. Mais je sais qu’il y a des gens qui aiment bien avoir un petit carnet avec eux. Je pense que peu importe la méthode que les gens vont adopter, il va falloir l’adapter à soi-même, à nos préférences et faire le minimum, mais le faire régulièrement. Pour moi, c’est ça la clé, c’est de le faire régulièrement. Ça ne sert à rien de faire le dimanche, on a deux heures de libre, faire une session de deux heures de français avec plein de trucs, plein d’exercices. Je pense que c’est mieux d’avoir un style de vie où tu intègres la langue à ta vie.

[00:31:21] – Lionel

Tous les jours, tu es en contact avec la langue d’une manière ou d’une autre et tu vas faire un petit peu tous les jours avec cette attitude plus ou moins active. Pareil, il faut s’écouter. Des fois, je n’ai pas envie de le faire. Des fois, je fais de la consommation passive, mais j’essaye d’avoir un équilibre. Si, par exemple, aujourd’hui, je lis 50 pages de mon livre et je ne fais absolument rien, je ne lis pas à voix haute, je ne fais pas de recherche de vocabulaire, le lendemain, le chapitre que je vais lire, je vais essayer de le faire de manière plutôt active.

[00:31:52] – Hugo

Justement, tu as parlé un peu précédemment de la question de la discipline et de la motivation. C’est vrai qu’au début, quand on commence à apprendre une langue, on est super motivé. Puis, au bout de quelques années, quand on arrive à ce fameux plateau intermédiaire, on peut perdre cette motivation. Et en général, pour réussir à continuer, ça demande une certaine discipline. Est-ce que toi, il y a un conseil que tu donnes en général pour réussir à être suffisamment régulier dans notre apprentissage ?

[00:32:25] – Lionel

Je pense que c’est la difficulté principale de la plupart des gens. En fait, le truc, c’est que la motivation, c’est quelque chose qui fluctue. Des fois, le matin, tu es motivé et le lendemain, tu n’es pas motivé. Tu ne sais pas pourquoi. Donc, on sait… Ce qu’on peut apprendre de ça, c’est qu’on ne peut pas faire confiance à notre motivation. Des fois, on a envie, des fois, on n’a pas envie. Par contre, la discipline, c’est quelque chose qui se travaille. C’est une compétence qui se travaille. Si on prend, par exemple, un militaire, ils apprennent la discipline. Le premier truc qu’ils font la journée, c’est faire leur lit. C’est la discipline militaire. Et en fait, c’est un peu ça qu’il faut adapter, je pense. C’est-à-dire qu’il va falloir travailler sur comment créer des routines, comment créer des habitudes. Il y a plein de stratégies là-dessus. Là, je ne peux pas rentrer trop dans les détails, mais il y a plein de livres qui parlent de ça. Il y avait un livre, par exemple, que je peux recommander, que j’avais bien aimé, qui s’appelle Atomic Habits de James Clear. Et en gros, j’utilise beaucoup les principes de ce livre pour créer des nouvelles habitudes.

[00:33:23] – Lionel

Je ne sais plus ce que c’est exactement, mais je crois qu’il faut environ 60 jours pour vraiment intégrer une nouvelle routine. Par exemple, quelqu’un qui veut faire ses révisions de flashcards tous les jours, il y a de grandes chances que si tu ne passes pas les 60 premiers jours, tu n’arriveras pas à garder cette habitude sur le long terme. Une stratégie que je que je veux mentionner ici qui est assez simple à mettre en place, c’est quand on veut développer une nouvelle habitude, c’est de l’associer avec une habitude qu’on a déjà. Par exemple, se brosser les dents, c’est quelque chose qu’on fait instinctivement. Tu peux te dire : OK, quand c’est le moment d’aller brosser mes dents, je sors mon téléphone, je revois mes cartes et ensuite, je me brosse les dents. Tu associes ça à un moment de la journée ou pendant que tu prends ton café le matin, si tu es un buveur de café tous les matins. Il faut toujours trouver un truc qui est une habitude bien ancrée dans ton quotidien et associer ça à la nouvelle routine que tu veux créer pour t’assurer de garder cette discipline. Et un beau jour, au début, c’est très difficile, mais un beau jour, tu te rends compte que tu le fais instinctivement, même si tu n’as pas envie, même si tu réfléchis pas, tu le fais.

[00:34:29] – Lionel

Et moi, c’est un automatisme, c’est un réflexe maintenant. Moi, personnellement, c’est le matin, c’est quand je me réveille. En fait, avant de sortir du lit. Il y a des côtés négatifs à ça qui n’ont rien à voir avec les langues, mais le côté digital, etc, donc ne pas toucher à son téléphone le matin, ça, j’avoue que du coup, je le fais pas, mais je prends mon téléphone et je fais direct mes flashcards et ensuite, je me lève du lit. Après, à chacun de trouver, si tu veux, le moment de la journée qui correspond le mieux.

[00:34:58] – Hugo

Je pense que ça va te donner de la matière à réflexion à nos auditeurs et sûrement plein de pistes à explorer. Pour finir, j’aimerais te demander s’il y a un conseil que tu donnes souvent et que tes élèves ne mettent pas en application et qui, selon toi, peut vraiment aider ou débloquer quelqu’un. Un conseil que tu aimerais que tes élèves suivent plus souvent.

[00:35:22] – Lionel

Ouais, un conseil. Ce qui me vient là comme ça, c’est de s’enregistrer. Quelqu’un qui veut améliorer sa production orale, notamment, je pense que c’est super bien de s’enregistrer et si possible de s’enregistrer en vidéo pour pouvoir voir un peu comment on positionne notre bouche, les lèvres, etc. Pour travailler ce que j’appelle la gymnastique buccale, quand tu travailles ta prononciation. Et ça te permet deux choses: d’avoir un historique un peu de ton évolution. C’est toujours plaisant de revenir à des vieilles vidéos et voir que tu as progressé. Et la deuxième chose, ça va te permettre, toi, de t’auto-critiquer et arriver à un niveau intermédiaire plus, tu vas être capable, tu as le niveau pour te dire : Là, j’ai prononcé un truc, mais je sens que ce n’est pas correct. Donc, c’est bien de prendre conscience à quoi on ressemble quand on parle la langue qu’on essaye d’apprendre. Parce que dans notre tête, on a l’impression qu’on parle très bien, mais quand on s’écoute parler, en général, on se rend compte que ce n’est pas terrible.

[00:36:20] – Hugo

Très bon conseil. C’est vrai que je sais à quel point ça peut être désagréable de se voir en vidéo ou de s’écouter. Avec le smartphone, maintenant, c’est très facile de le faire, mais si vous filmez, c’est trop pour vous. Simplement, vous enregistrez en audio, ça peut déjà vous donner une bonne idée, même, de votre niveau. Et j’imagine que d’ici quelques années, voire quelques mois, ce sera possible d’envoyer tout ça à l’intelligence artificielle et de lui demander, de nous analyser, de critiquer notre accent, etc. Donc, c’est une très bonne suggestion. Merci beaucoup Lionel pour tous ces précieux conseils. Si les auditeurs veulent te retrouver, comment ils le font ?

[00:37:02] – Lionel

Le plus facile, c’est d’aller sur I’m Polyglot, sur le site internet, impolyglot.com. Et puis, il y a tous mes liens, il y a les liens pour le podcast et autres, mais on trouvera les informations là-bas. En tout cas, Merci beaucoup à toi, Hugo, surtout de m’avoir invité. C’était toujours un plaisir de partager nos connaissances là-dessus parce que je sais qu’on est très similaires sur pas mal de choses sur le côté méthodologie, mais il y a quand même certains trucs sur lesquels on diffère. J’aime bien avoir ce genre d’analyse approfondie sur certains points.

[00:37:34] – Hugo

Exactement. Comme ça, il y en a pour tous les goûts. J’espère que cet épisode vous a plu. N’hésitez pas à laisser un commentaire et à aller visiter le site de Lionel. Et on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Merci, ciao.

Commentaires

  1. David

    Je suis heureux d’écouter vos blogs actuels. J’aimerais les écouter à partir du n°1 dans l’ordre. Comment accéder facilement aux premiers chapitres de votre blog ? J’ai appuyé sur « 1 » sans succès.

    1. Ingrid innerFrench

      Bonjour David, il faut cliquer sur le dernier chiffre tout à droite (20 pour l’instant) car les épisodes sont classés du plus récent aux plus anciens 🙂

  2. Mauro

    Salut, Hugo
    Merci pour ton nouvel épisode. Il m’a plaît beaucoup, malgré la manière rapide de parler du Lionel. Pas de problème: il m’a fait seulement écouter trois fois le podcast et lire la transcription une autre fois.
    Je n’utilise pas les flash cards. Quand je rencontre un mot ou une expression que je ne connais pas, j’essaye de créer differente phrases en utilisant cette nouvelle information. Je préfère faire comme ça.
    Congratulation pour ta manière altruiste de voir tes concurrents. Sois tranquille et continue comme ça: ta méthodologie est imbattable!
    Avec amitié,
    Mauro Fontenelle / Brésil

  3. Barker Lorraine

    Mon cher Hugo! J’ai été tellement occupé que je n’ai pas écouté tes podcasts dernièrement…Enfin, je suis de retour et je me souviens à quel point je les apprécie! Voilà! Merci mille fois!

  4. Maxim

    Lionel dit “Tu as” au lieu de “Tu vois”. C’est une pratique habituelle?

    1. Ingrid

      Salut Maxim ! Il dit bien “tu vois” mais d’une manière tellement rapide qu’il ne prend pas le temps de correctement placer les dents sur la langue pour bien former le son “v”. Ça donne quelque chose comme “tu wa”. Oui, c’est très courant !

  5. Juani

    Je vous remercie pour toutes les informations que vous avez partagées.
    Hugo parle plus lentement et l’invité est plus fluide, j’ai donc adoré découvrir la diversité et la richesse des différentes méthodologies d’apprentissage de la langue.

  6. Kannan Venkataraman

    Merci, Hogo. J’ai beaucoup apprecie.

  7. Adriana Jorgelina De Luca

    Bonjour! J’ai écoute c’est épisode deux fois et j’ai lû la transcription. Pour moi a été très claire. J’ai profiter beaucoup la conversation sur le sujet d’apprentissage. Merci,Hugo

  8. Lisa

    Bonjour! J’ai commencé à apprendre le français il y a quatre mois. J’ai découvert ton podcast récemment. C’est super utile ! Merci de toujours faire ça.

  9. somaye

    Salut Hugo,
    J’ai vraiment adoré ton podcast. Le fait que la vitesse des paroles changeait, c’était super agréable et plus facile à comprendre pour moi. Je voulais aussi te dire que j’utilise ton site pour préparer mon examen. Tu as déjà couvert pas mal de catégories et je t’en remercie énormément. Est-ce que tu pourrais aussi faire quelques podcasts plus généraux sur des thèmes comme le sport, la vie en ville et à la campagne, ou encore les voyages et les activités sportives ? Merci encore de partager tout ça gratuitement avec nous, c’est top !

    1. Thomas

      Wow! L’entretien avec Lionel Junior a été pleine des bonne astuces pour apprendre n’importe quelle langue. Je suis déjà un amateur des “flash cards” ANKI mais désormais j’en vais utiliser avec plus efficace.
      Moi j’ai profité de ralentir un peu la bande-son et télécharger le transcription et lire et écouter les deux formats plusieurs fois
      (comme a conseillé Lionel a propos de “la consommation de ton support”).
      Encore une fois, merci beaucoup Hugo pour cet épisode !

  10. Achim

    Bonjour Hugo, merci beaucoup pour ce podcast très intéressant. Je pense que ces deux concepts se complètent parfaitement.

  11. Judith

    Lionel parle trop rapide pour moi. Je lui écoute à .8, mais même avec ça, j’ai la difficulté lui comprendre. Pour moi, votre style est meilleur, Hugo. J’apprécie le contenu varié et interessante de votre podcasts. Il aide ma motivation!

Laisser un commentaire